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Artistes en résidence artistique auprès des partenaires du programme Belgique

Africalia est parti à la rencontre des artistes qui ont effectué une résidence chez nos partenaires du programme Belgique, à l’Atelier Graphoui et le Wiels ,afin d’en apprendre davantage sur leurs parcours et pratiques artistiques mais également l’expérience de la résidence encadré par le partenaire.

Elen Sylla Grollimund.

Elen Sylla Grollimund travaille comme animatrice dans le milieu socio-culturel, introduisant les jeunes  au monde du cinéma, de la photographie et de la radio. Dans son travail, elle s’intéresse beaucoup à la colonisation qu’elle aborde sous le prisme de la commercialisation du cacao de l’époque de la colonisation jusqu’à nos jours, en s’inspirant de sa propre histoire et son propre métissage. Elen est franco-suisse avec des origines sénégalaises.

Son amour pour la photographie découle d’une maladie dégénérative affectant son audition et qui lui a été diagnostiquée à l’adolescence. Partie étudier la photo en Italie puis en France où elle a travaillé quelques années, elle a atterri à Bruxelles un peu par hasard, sous les conseils avisés de sa sœur musicienne en tournée en Belgique. Sa sœur, de retour à Paris où elles vivaient alors lui a dit: «Elen, Bruxelles est une ville pour toi, je te vois trop bien là-bas». Écoutant ces conseils, elle fait ses valises et  s’installe à Bruxelles dans le but de pratiquer la photographie en collectif, transmettre cette pratique à un public débutant. Elle s’y est établie depuis 10 ans.

Son projet de film « Villa Madjo » a commencé à prendre forme avec la naissance de son premier enfant, qui l’a renvoyé à son héritage familial, son métissage et le lien étroit avec le continent africain. En effet, Elen a un papa blanc, né en Côte d’Ivoire, et une mère métisse sénégalaise, née en France. Elle a souvent été questionnée sur ses origines sans pouvoir y apporter une réponse claire parce qu’il lui manquait certaines parties du puzzle. Étant une personne métissée dans un environnement majoritairement caucasien, de facto, elle portait cette différence de manière visible.

Pour Elen, la transmission est fondamentale, au-delà de l’aspect génétique. D’ailleurs, c’est un mot qu’elle utilisait déjà pour se définir plus jeune, « la transmission ». Son riche héritage familial métissé reflète la complexité de son histoire de transmission, entre la colonisation de l’entreprise France-Afrique et son identité peule. Elle a eu un grand-père sénégalais engagé dans la lutte pour la décolonisation et un autre grand-père impliqué dans le projet colonial français.

L’accompagnement par l’Atelier Graphoui pour son projet de film lui a permis de structurer ses idées et d’ordonner toutes les images d’archives familiales qu’elle avait récoltées au fur et à mesure des ans, désireuse de fabriquer ses propres personnages à partir de ces souvenirs. « Quand on te raconte des souvenirs, tu te fais tes propres images. J’avais envie de faire mes propres pantins de ce qu’on me racontait » Pour cela, elle a collaboré avec l’artiste Carol Maucci Guennal pour la création des pantins.

Elle souligne l’importance pour les personnes afro-descendantes de raconter leurs propres histoires pour apporter une diversité de voix et de récits. Bien qu’elle reconnaisse la nécessité de certains « espaces sécurisés » pour partager ces histoires, elle aspire à briser ces cloisonnements.

Animée par la volonté de transmission, Elen s’est rendue en décembre dernier au Sénégal, dans la localité de Rao, pour donner un atelier de film d’animation, son et photo dans une école d’arts et métiers qu’avait fondé son grand-père maternel.

Pour elle, Africalia facilite les liens avec d’autres artistes et favorise la collaboration pour enrichir les projets artistiques.«J’ai grandi dans un environnement très occidental et le fait qu’Africalia veuille soutenir mon projet, ça a légitimé aussi mon appartenance à cette communauté afro-descendante. Finalement, j’appartiens bien aux deux parties.»

Villa Madjo a connu sa première mondiale à Bilbao pour la compétition internationale des courts métrages au zinebifilmfest.Depuis lors, le film a été sélectionné dans quelques festivals dont le festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, la Beijing International Short Film Festival et le festival Tricky Women/Tricky Realities, en Autriche.

Interview réalisé par Norbert Nzarubara.

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