Rechercher
Fermez ce champ de recherche.

Artistes en résidence artistique auprès des partenaires du programme Belgique

Eva Diallo

Africalia est allé à la rencontre des artistes ayant effectué une résidence auprès de nos partenaires du programme Belgique, à savoir l’Atelier Graphoui et le Wiels. L’objectif était de mieux comprendre leurs parcours et leurs pratiques artistiques, ainsi que de recueillir leurs impressions sur l’expérience de la résidence encadrée par le partenaire.

Le premier portrait est celui d’Eva Diallo une artiste visuelle, photographe dédiée au travail documentaire, explorant principalement la question de la migration. Son œuvre capture les itinéraires des personnes quittant l’Afrique de l’Ouest pour l’Europe, offrant un regard profondément humain sur ce périple souvent difficile. Son dernier projet, intitulé « Bolol », plonge dans le voyage entrepris par ses deux cousins partis du Sénégal vers l’Europe.

Née en Suisse d’une mère sénégalaise et d’un père suisse, Eva a choisi de s’établir à Dakar en 2018, après avoir passé de nombreuses vacances dans le village natal de sa mère durant son enfance. Son amour précoce pour la photographie trouve ses racines dans les souvenirs familiaux immortalisés par son père, qui lui a offert son premier appareil, un vieux Pentax. En capturant sa propre famille et en documentant la vie avec ses cousins au Sénégal, Eva craint l’oubli et cherche à préserver ces moments précieux, avouant humblement sa mémoire fragile.

Cherchant toujours à parler des choses qui la touche, la thématique de l’immigration a rapidement imprégné son travail. Après ses études en photographie, elle assiste un photographe dans un camp de réfugiés dans le sud de l’Italie, où elle remarque le déséquilibre médiatique dans la représentation de l’immigration, souvent focalisée sur les peurs occidentales sans tenir compte des perspectives africaines. Alors qu’elle était au camp, l’expérience personnelle de ses cousins entamant leur voyage vers l’Europe l’inspire à célébrer leur courage à travers le projet « Bolol », « le voyage » en langue peule.

Eva reste consciente du privilège dont elle jouit, celui de voyager sans entraves administratives majeures. Elle a ressenti le besoin de s’installer au Sénégal après ses études, non seulement pour se rapprocher de sa famille, mais aussi parce que son travail était profondément enraciné en Afrique de l’Ouest, en particulier au Sénégal. Cependant, elle reconnaît la frustration que ressentent parfois ses pairs sénégalais en raison des difficultés à obtenir des visas pour des événements culturels, même si certains déplacements en Afrique sont facilités par le traité de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes en Afrique de l’Ouest. « Les artistes libres de leurs mouvements se doivent d’être porte-parole de celles et ceux qui n’ont pas le privilège du « passeport rouge » ».

Dans le cadre d’un programme de résidences encadrées par le Wiels en partenariat avec Africalia, Eva a eu l’opportunité de vivre et de travailler en Belgique, bénéficiant d’un studio personnel et du soutien de professionnels. Elle a également savouré les échanges avec d’autres artistes en résidence, souvent à l’origine de collaborations enrichissantes. Elle a particulièrement apprécié le sentiment de solidarité au sein de la communauté d’artistes africains et afrodescendants à Bruxelles, reconnaissant la valeur unique de cette expérience pour les artistes venus du continent africain.

© Eva Diallo,Bolol

Propos recueillis par Norbert Nzarubara.

Articles récents

AFF_ 2024
abonnez-vous à notre

Newsletter