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Un autre visage de la République démocratique du Congo

« Ça se passe à Kin », un autre visage de la République démocratique du Congo

« Ça se passe à Kin »

« Ça se passe à Kin », un autre visage de la République démocratique du Congo


Le Tarmac des Auteurs organise prochainement le festival Ça se passe à Kin. Celui-ci se déroule du 1 au 8 juin 2018 à Kinshasa. Cette 8e édition se veut ouverte sur l’Afrique centrale, en écho au dernier atelier d’écriture organisé par le Tarmac, afin d’amener les spectateurs à changer l’image qu’ils se font de la région et plus spécifiquement de la République démocratique du Congo.
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Le Tarmac des Auteurs est un théâtre à Kinshasa, installé dans le quartier populaire de Kintambo. Ce lieu est dédié au développement de l’écriture théâtrale : des écritures qui se veulent originales et contemporaines, aboutissant à des œuvres inédites. C’est là, la mission principale du Tarmac car l’écriture et la pensée sont les fondements du théâtre. Pour se faire, il accompagne les auteurs en leur donnant un cadre en organisant des ateliers d’écriture et ce grâce, entre autres, au soutien d’Africalia, partenaire de la structure depuis plus de dix ans. « Nous voulons développer une pépinière de jeunes auteurs du pays afin que les Congolais puissent s’approprier leur théâtre. » explique Israël Tshipamba, directeur artistique du Tarmac des Auteurs mais également auteur, metteur en scène et comédien. À côté de cela, le Tarmac des Auteurs accueille des compagnies en résidence de création et forme des acteurs. « Peu de compagnies dans notre pays ont un lieu de travail et elles n’ont ni les moyens de créer, ni de voyager pour voir ce qui se fait ailleurs. » déplore Israël. « C’est la raison pour laquelle, nous accueillons chaque année entre quatre et cinq compagnies locales pour travailler dans notre espace et les mettons en lien avec des metteurs en scène étrangers. » Des pièces d’auteurs congolais telles que « Te voir dresser » de Fiston Mwanza Mujila, « Histoire générale des murs » de Sinzo Aanza ont été montées ensemble par des metteurs en scène reconnus et des compagnies locales comme la compagnie Mapendo par exemple. En leur donnant la possibilité d’assister des metteurs en scène tels que Philip Boulay ou encore Guy Theunissen, ces jeunes peuvent s’immerger dans le métier et comprendre comment aborder un texte, comment diriger des acteurs, ce qui les forme et les prépare à des collaborations plus importantes. Et cette démarche est la même pour les acteurs. Le Tarmac des Auteurs les associe au processus de création pour compléter leur formation et leur permet de mettre en pratique ce qu’ils ont étudié à l’école. La bonne gouvernance, un sujet qui inspire les auteurs
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Lors du dernier atelier d’écriture en 2017, le Tarmac a demandé aux auteurs de s’atteler au sujet de la gouvernance. Pourquoi un tel sujet ? Parce que l’Afrique centrale a connu huit présidents, totalisant à eux seuls plus de deux cent ans d’exercices de pouvoir, alors que l’Afrique de l’Ouest a réussi, quant à elle, à construire de vraies démocraties. Comme les enjeux économiques sont importants dans la région centrale, les chefs d’Etat ne lâchent pas facilement le pouvoir. Les auteurs invités à cette résidence proviennent de la RDC comme David-Minor Ilunga, Sinzo Aanza, Merdi Muintshe Mukore… mais pas seulement. D’autres venants de pays voisins ont également été invités : Merline Ntamengouro du Burundi, Dieudonné Niangouna du Congo-Brazzaville, Denis Schoufo et Elvis Vuma du Cameroun. Le Tarmac a également convié d’autres auteurs pour amener un regard extérieur sur la question de la gouvernance tels que Laetitia Ajanohun, une Belgo-Béninoise, ou encore Hakim Bah, de la Guinée. Tous ont porté un regard critique mais aussi poétique sur cette situation et il en est sorti des textes extraordinaires. Certains parlent de la situation dans les prisons ou dans des pays/régions particuliers ; d’autres de violations des droits de l’homme, de massacres et de guerres, de fin de mandat présidentiel… « Les auteurs se sont lâchés ! » souligne Israël, qui tient à préciser que « l’idée est d’avoir des pièces qui questionnent les publics mais qui servent également d’outils historiques pour les futures générations. » Certains des textes, écrits pendant les ateliers d’écriture, sont par la suite travaillés par des metteurs en scène et des compagnies en résidence, afin d’être programmés durant le festival Ça se passe à Kin ainsi que dans la programmation annuelle. Ça se passe à Kin, un festival authentique
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Ça se passe à Kin est un festival qui donne la parole aux jeunes auteurs et 80% des pièces programmés sont des premières. « Si nous voulons que Kinshasa soit un carrefour, un lieu de rencontre et d’échange, la ville doit d’abord être un lieu de découverte. » affirme Israël. Cette 8ème édition compte cinq créations, dont la plupart ont été écrites durant la résidence d’écriture de 2017. Les spectacles annoncés sont créés durant la résidence de création en avril-mai et ensuite joués pour la toute première fois début juin. Cette prise de risque artistique est pleinement assumée par l’équipe. « En matière de théâtre, c’est une vitrine. Aujourd’hui en Afrique centrale, il n’y a quasiment plus de festivals de théâtre. Tous les anciens festivals ont arrêté et Ça se passe à Kin est le seul qui dure depuis maintenant 8 ans. C’est une occasion donnée aux compagnies du Congo et de la région de rencontrer le public, de présenter leurs créations et d’échanger. » nous dit Judith Tshienda, la coordinatrice administrative et financière du Tarmac des Auteurs. En plus de ces créations, le festival accueille d’autres pièces. Ils ont un partenariat avec le festival de Dolisi à Brazzaville pour faire des échanges de spectacle. Enfin, la mission principale du Tarmac étant de développer des écritures nouvelles, les auteurs ont également la possibilité de présenter leur texte sous forme de lecture, un moment qui occasionnent des échanges et des discussions sur la forme et le fond de leur texte. La nécessité d’associer le public Ces moments d’échange avec le public sont très importants pour le Tarmac des Auteurs. Pendant les résidences, le Tarmac ouvre ses portes aux habitants du quartier pour qu’ils puissent voir comment les artistes travaillent. Le développement des publics demeure une question fondamentale dans plusieurs pays africains. Le Tarmac y travaille en organisant des tournées hors les murs, dans les écoles et universités. Cela donne aux artistes la possibilité de jouer leur spectacle plus longtemps et rencontrer de nouveaux publics qui n’ont pas forcément accès aux créations artistiques. Toutefois, le principal combat du Tarmac aujourd’hui est de faire venir des programmateurs, des directeurs de festival à Kinshasa. La RDC demeure un territoire difficilement accessible et qui souffre d’une mauvaise réputation. L’équipe s’efforce de changer l’image de leur pays et veut amener les gens à découvrir leur région. Parce que la RDC regorge d’artistes singuliers, qui ont du talent et qui ne demandent qu’à être vus et découverts. Pour montrer que Kinshasa est une ville qui vit. [/Audrey Brisack/]

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